Le domaine est enveloppé de calme ce soir. La pluie a cessé, laissant la place à une pleine lune qui éclaire le parc d'une lueur douce et apaisante. Situé en retrait des agitations de la vie moderne, ce domaine ancien est niché au milieu des bois, avec un petit cimetière familial à l’arrière, proche d’un vieux moulin à aubes et d’écuries désaffectées. C’est un lieu où le temps semble s’être arrêté, où les saisons défilent avec leur propre rythme, offrant des hivers rigoureux, des printemps fleuris, des étés à la fois frais et chauds, et des automnes riches en couleurs.
La demeure principale, bâtie en pierre de lave typique de la région, est imposante. Les véhicules sont stationnés sous l’auvent, et un perron central, avec ses larges marches taillées dans la roche, mène à l’entrée principale. À l’intérieur, une ambiance chaleureuse règne grâce aux cheminées du salon et de la salle à manger qui crépitent doucement, répandant une agréable odeur de bois brûlé. De la musique classique s’échappe du salon, tandis que quelques conversations feutrées se font entendre depuis la salle à manger.
Trois domestiques veillent au bon déroulement de la vie quotidienne : Margot, la vieille cuisinière qui fait presque partie des meubles, George, l’homme à tout faire fidèle et discret, et Isabelle, la nouvelle soubrette. Arrivée récemment au village, Isabelle, avec sa petite valise, cherchait du travail et est tombée au bon moment, alors que l’ancienne soubrette venait de partir à la retraite. Bien que sans grande expérience, Isabelle a rapidement été embauchée par Marion, la maîtresse des lieux, intriguée par cette jeune femme discrète et charmante.
Isabelle a rapidement appris à suivre les instructions, se montrant docile et facile à diriger, ce qui plaisait à Marion. Malgré son apparente douceur, George, l’homme à tout faire, semblait avoir des intentions moins avouables en lui offrant cette place, mais il connaissait bien les règles : il ne pouvait pas toucher à Isabelle, et devait se contenter de la regarder de loin.
Ce soir-là, Marion et sa mère sont attablées de part et d’autre d’une grande table rectangulaire, ornée d’une nappe brodée et d’une argenterie disposée avec soin. Un Bourgogne décanté avec soin attend d'être dégusté. Isabelle entre discrètement, apportant une soupière fumante et servant les deux femmes sans un mot, avant de se retirer dans la cuisine. Marion, concentrée sur son vin, ne lui accorde pas un regard, absorbée par le plaisir de la dégustation.
La conversation entre Marion et sa mère est sobre, presque banale, et se concentre principalement sur la qualité du vin. Le dîner se poursuit dans cette atmosphère feutrée, où chaque geste semble calculé pour affirmer l’autorité de Marion, surtout envers Isabelle, qui reste silencieuse, acceptant les critiques sans se défendre. Une fois le repas terminé, les deux femmes montent se coucher sans passer par le salon.
Isabelle, elle, retourne en cuisine pour nettoyer et préparer la table du petit-déjeuner du lendemain. Pendant que les autres domestiques mangent les restes, Isabelle commence à éplucher les légumes pour le lendemain, plongée dans ses pensées. Dans la solitude de la cuisine, elle se laisse aller à des gestes automatiques, mais quelque chose change peu à peu en elle. George, dehors, l'observe à travers la fenêtre, sans qu'elle ne s'en aperçoive.
À mesure que la nuit avance, Isabelle, maintenant seule, commence à ressentir une chaleur intérieure. Elle se défait de son corset, laissant ses seins se libérer, et continue à éplucher les pommes de terre, mais son esprit est ailleurs. Elle se saisit d’un tubercule aux dimensions évocatrices, le sculpte en une forme qui réveille en elle des désirs enfouis, et commence à se laisser aller à des plaisirs solitaires, sans se soucier de qui pourrait l’observer.
George, toujours à la fenêtre, ne rate rien de la scène. Isabelle, quant à elle, complètement absorbée par ses sensations, ne s’arrête que lorsque la vague de plaisir l’emporte. Une fois son moment de détente passé, elle reprend ses esprits, range soigneusement ses affaires, et retourne à sa tâche comme si de rien n’était, ignorant si quelqu’un l’a vue ou non.